dimanche 9 septembre 2007

BALADE EN CITADELLE





























Septembre, probablement les plus beaux jours depuis le mois de mai, l'occasoin de quelques pas sur les traces de Vauban.
Un lieu imposant et magique mais malheureusement sous, ou mal exploité, en terme d'animation.
Réinstallation d'artisans, concerts en plein air, expos, visites guidées, théatre, spectacles de rue.... autant d'initiatives que méritent ces murs.

Encore incrédule devant la masse de la muraille, le promeneur, dès le porche de la porte Dauphine franchi, croit entendre sonner sur les pavés les fers de la cavalerie, les ordres criés sur la place d'Armes pour la revue, le boulanger houspiller le mitron.


Le roulement des charrettes descendant vers l'hôpital couvre un instant le brouhaha de la garnison. Les chevaux de la patrouille tout juste rentrée, sont alignés le long du mur de l'écurie dont on peut encore voir les anneaux d'attache. Ils broient sagement l'avoine du sac de jute accroché au licol. Les palefreniers en flattent les croupes et le maréchal-ferrant, les mains sur les hanches jauge le travail de la journée.


La garde est lâche en ce mois de septembre. L'Angloy a renoncé depuis longtemps à toute velléité de reconquérir Bordeaux tant le tryptique Blaye, For Pâté, Fort Médoc verrouille l'estuaire.

Une escouade est cependant très occupée à la garde de Marie Caroline.
C'est l'heure de la promenade.Il n'y a que que quelque pas du Pavillon de la Place au parapet du rempart. Marie Caroline Ferdinande de BOURBON, Duchesse de BERRY, escortée par quelques gardes bon enfants et surtout par une volée de servantes, s'accoude au parapet de la Place d'Armes.
Elle contemple, non pas les eaux du Pô qui l'a vu naitre, mais le brun des marées de Gironde, si loin de Parme et de son Italie natale. Arretée à son retour clandestin en France après avoir suivi Charles X en exil, elle est emprisonnée à Blaye pour avoir voulu relancer l'insurrection royaliste en Vendée.

Vauban l'architecte, Vauban le génial défenseur, était loin de se douter que la principale fonction de son formidable édifice sera de garder ...... une femme.
Pas de brigantine, de fiers sloops au mouillage. Tout juste quelques gabarres qui vont et viennent entre les rives. L'une d'elle rentre au port à la faveur de la marée haute.
Ses flancs dodus renferment t la farine pour la troupe et le fourrage des chevaux, les moulins de Lansac, de Berson se suffisent pas à alimenter le régiment. Il y a aussi là des barriques d'eau de vie de Cognac, descendues de La Rochelle et débarquées à Pauillac. La fine champagne, dont les fûts sont marqués ira pour le commandement. Le marc, blanc et fort à réveiller un mort, récompensera la troupe les soirs de fête et surtout fera la fortune des taverniers de Blaye qui accueillent le soir les hommes en quartier libre.

Et ils sont nombreux les bougre,s à déambuler le soir sur les allées aujourd'hui "Marines" ou sur le cours qui se nommait peut-être déjà "Bacalan".
Mais les femmes sont rares, toutes occupées qu'elles sont à "sarmenter" ou faire des "javelles", termes inconnus des soldats, d'autant qu'il change si l'on est originaire du sud ou du nord du Brouillon.

Le Brouillon ! Ce n'est pas ici le cahier où l'écolier se lâche mais un modeste ruisseau dont la légende ou la coutume en fait la frontière entre pays d'Oil et pays d'Oc. De plus, les recalés de l'exil, suite à la révocation de l'Edit de Nantes, les protestants qui ont manqué le bateau du salut à La Rochelle, ont élu domicile dans les marais de Braud et Saint Ciers, juste au nord de Blaye ! Mais la majorité vit de peu dans l'insalubre palu, le marais, qui n'a alors rien de nucléaire ! (C'est ici qu'est installée la Centrale EDF Nucléaire du BLAYAIS).

Loin de toute considération énergétique, le vaguemestre s'affaire : la malle poste est arrivée à la messagerie. Bretons, Vosgiens, Provençaux sont à l'affût du courrier. La mère, la femme, la promise a t'elle écrit ? La messagerie devient alors le centre de tous les regards, de toutes les attentions.


Un seul semble indifférent: La sentinelle de la tour de" l'Aiguillette", celle qui surveille et commande l'immensité de l'estuaire. Le soldat est bien plus occupé à lutiner une blayaise, servante à l'ordinaire de la garnison, qu'a surveiller l'arr
ivée improbable d'une invincible armada.

A ce moment, il ne n'a aucune pensée pour le château des RUDEL, comtes de Blaye, que Vauban a inclus dans son édifice, ni pour Roland, neveu de Charlemagne, héros de Roncevaux, dont l'hypothétique tombeau serait en foui sous les vestiges de la basilique St romain sur le glacis de la citadelle.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour ce bel article et ces belles photos.
J'adore Blaye et Plassac et y conduis chaque année mes CM2.
Je me bats pour sauver nos vestiges gallo romains récemments découverts.
Aidez moi en imprimant, signant et faisant signer la pétition visible sur
http://parolesdemacaudais.blogspot.com/
mon adresse :
Jean-Pierre Lafon, 16 chemin de la garenne
33460 MACAU
Merci

Cherlotte a dit…

Super, les photos et le récit nous transportent en des temps bien lointains. Pour peu en fermant les yeux, j'y était, mais j'étais un gars, parce que franchement être une fille à cette époque, ça ne devait pas être le top.
Oui, enfin bref, merci, Péto pour ce petit voyage d'un autre temps.